Disséminations

Dissémination cinéma ! Générique

Kinema

Merci aux projectionnistes pour la variété, la densité, la richesse de leurs disséminations : pas facile à faire tenir dans un même plan-séquence ! En onze bobines, elles composent un très long métrage qui nous parle du web. Web image, web texte, web stylo, web caméra, web salle de lecture, web salle de cinéma ; web image de toutes les images, web écriture de toutes les écritures, web support de tous les supports.

Au générique, par ordre alphabétique :

1. Le « réalisme ardent » de Luis Bunuel vu par Andreï Tarkovski, sur l ‘Epervier Inclassable, blog de Serge Bonnery ; texte initialement traduit et publié par Fabien Rothey (Art et Connaissance) :

« Si l’on examine une immense fresque de très près, beaucoup de détails, pour des raisons tout à fait compréhensibles, peuvent irriter. Mais dans la composition générale, le détail n’existe pas en tant que grandeur qui se suffit à elle-même, épuisant ou concentrant en elle tout le sens de l’œuvre. »

2. Love Streams de Cassavetes par Albanc Lefranc sur Amour 2.0, blog d’Antoine Bréa :

« Une fois de plus, John Cassavetes isole quelques situations de vie d’une densité extrême, et fait table rase de tous les éléments narratifs, chronologiques, psychologiques qui pourraient nous fournir un surplomb rassurant sur elles et l’impression de les saisir. »

3. Le « Voyage » au cinéma, ou comment Louis-Ferdinand Céline imaginait une adaptation cinématographique du Voyage au bout de la nuit : propos recueillis au magnétophone en 1960 à Meudon, disséminés par Pierre Cendrin :

« Là alors, c’est où les héros du Voyage partent à la guerre, ça fait partie du grand film. Faut du pognon pour ça… »

4. Godard au théâtre, mis en scène par Jean-Michel Potiron : un montage de textes de Godard, à lire sur le Pelikan (avec des films de W.K.L. Dickson), ou sur le site de la compagnie Théâtre à Tout Prix :

« J’aime bien être surpris. Si l’on sait d’avance tout ce qu’on va faire, ce n’est pas la peine de le faire. Si un spectacle est tout écrit, à quoi sert de le filmer ? A quoi sert le cinéma, s’il vient après la littérature ? »

5. Sur Oeuvres Ouvertes, cinéma documentaire avec  Natzwiller-Struthof : Un souvenir français en 2004 (extraits du film) et L’idée d’une juste mémoire (texte), de Robin Hunzinger :

« Le Struthof, seul camp de concentration en France, est un lieu-trauma, un lieu de mort, un lieu où « ça » est arrivé. »

6. Rue des immeubles industriels@MargueriteGarel nous offre une fine analyse de l’écriture du mouvement sans paroles de Franz Kafka, dans la nouvelle traduction du Journal par L. Margantin : 

« Le mari faisant des mouvements semblables, peut-être imités par sa femme qui semble dépendre beaucoup de lui, mouvements rapides avec de forts balancements quand le buste est penché, tandis que le bas-ventre bizarrement reste en retrait. »

7. Sur Fleuves & Montagnes sans fin, Lionel Andre évoque Five d’Abbas Kiarostami :

« Spectateur j’assiste à la représentation

dont je suis aussi l’acteur principal

le personnage central

Enthousiasme silencieux

Félicité poétique »

8. De Laurent Margantin, repris par R. Hunzinger sur la Revue des Ressources, Une Disparition, entre récit fantastique et film de série B., dans lequel l’auteur évoque une rencontre à Vienne avec l’écrivain autrichien Werner Kofler :

« Oui, c’est ça, rangez votre appareil, et cessez de filmer la moindre phrase que je suis en train de lire ou d’écrire. Merci. »

9. Sur Glossolalies, Noëlle Rollet nous invite à une « projection privée » de L’alphabet Renversé de Giovanni Merloni (C ou Chien de la petite dame II/IV) :

« L’écran invi­sible et imma­té­riel n’est pas aux normes, soit dans les deux dimen­sions prin­ci­pales soit dans l’épaisseur. On dirait un vieux drap ou les vête­ments usés d’un fan­tôme, tra­ver­sés par un vent bizarre et tout à fait spon­tané. »

10. Au Studio de Nuit, Gregory Hosteins accélére le film avec une rediffusion de Notes de F. J. Ossang, publiées en 2001 par la revue Dérives :

« Profaner la coloration par les structures.

DETERRITORIALISER. »

11. Dernière bobine, Le Saute-Rhin de Bernard Umbrecht déroule une visite critique du ZKM de Karlsruhe, où s’expose l’écriture comme image en mouvement :

« Il sera donc questions d’écrits ou d’écritures filmées, écritures englobant les trois écritures définies par Clarisse Herrenschmidt, l’écriture de la langue, celle du nombre et du code. »

Kinema 2

Images : Kinema, « Organe hebdomadaire international de l’industrie cinématographique », Zürich, 1912-1913

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